Michel, Josiane & Martine : les chefs oubliés du Michelin

Michel, Josiane, Martine trois chefs que le Michelin n’a pas distingués. L’incontournable guide des tables françaises oublie une famille dans ses bonnes adresses : les tables du partage. Dommage !!!

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Garguantua, la table solidaire de Bacalan.

Je comprends un peu. Comment attribuer des fourchettes à Gargantua, ce drôle de restaurant au look un peu rétro style pension de famille d’un hôtel sans étoiles ou cantine d’un lieu de pèlerinage. Les murs sont décorés de photos du Bassin d’Arcachon, un tableau d’affichage donne les dates d’anniversaires de chaque convive et de belles maximes rappellent à tous que ce lieu est dans l’empathie et l’accueil de tous.

Pour que les plus démunis se sachent respectés, aimés et trouvent leur place dans la société.

Ne me dis pas qui tu es mais ce que dont tu as besoin.

Oups !!! Des paroles qui bousculent. On est forcément ému par tant de bienveillance et admiratif de ces bénévoles qui chaque semaine font de la cuisine un outil d’insertion sociale. Le repas en commun comme le dernier rempart contre l’isolement, le signe de l’appartenance à la communauté.

Voici un regard sur l’association Gargantua à la générosité aussi développée que l’appétit de son phénoménal éponyme. Depuis vingt ans des bénévoles se relaient pour servir trois repas par semaine à un public en difficulté. La mairie de Bordeaux apporte son soutien par la mise à disposition d’une cuisine et d’une salle de restauration dans les locaux du foyer de Bacalan. Les vingt convives participent à hauteur de 1€ le diner, ce qui permet de financer l’adhésion auprès de la Banque Alimentaire de Bordeaux où sont récoltées les denrées chaque mercredi.

L’association a mis en place une équipe par jour de distribution. Chacune se compose de trois personnes pour la cuisine et de trois personnes pour le service. Le chef arrive vers 15H, compose son menu en fonction des denrées récoltées et se met au travail avec l’aide de ses deux commis. A 17h, les personnes en charge du service arrivent à leur tour. Chacune connaît sa tache et travaille en autonomie : mettre en place les tables, couper le pain, disposer les boissons sur les tables.

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Dehors, les convives piétinent déjà derrière la porte, dès l’ouverture vers 18h, ils se précipitent même si le dîner ne sera servi qu’à 18H30. Bien sûr il y a l’envie de retrouver sa place habituelle mais on sent très vite un autre besoin : celui de l’échange. Les conversations sont très animées autour des tables. Il y a une vraie soif de rencontres pour ceux qui vivent souvent seuls et isolés. Le groupe forme une véritable communauté qui se retrouve aussi pour des sorties à thème. Le président de l’association, Michel Dessales tient beaucoup à la dimension culturelle de son association. Deux à trois par an, il organise des sorties : pique-nique littéraire ou invitation à un festival de musique, une occasion de renforcer la cohésion du groupe. Bénévoles et bénéficiaires se retrouvent, apprennent les gestes du vivre ensemble.

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Pour Michel, cet engagement montre la force du quartier Bacalan. Ici on est solidaires, les gens sont attachés à leur quartier et savent faire vivre les différentes associations dans l’entraide. Les équipes sont solides.

18H30, la distribution du repas commence.Les bénévoles évoluent au milieu de leurs protégés avec beaucoup de bienveillance, elles veillent à tous pour assurer partage et équité.

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Je fais comme pour chez moi, comme si j’invitais du monde. Nous sommes dans l’écoute pas le questionnement. 

Les gens sont très dignes et très émouvants dans le partage entre convives. Beaucoup ont apporté des récipients destinés à récolter les restes du repas. Ces petites boîtes assureront les dîners des jours sans distribution ou seront redonnés à un ami, un parent qui n’ose pas faire le déplacement et afficher sa gêne. Un vieux monsieur ne mange pas son repas, il le glisse dans une boîte. C’est pour son fils qui désormais vit avec lui et qui ne souhaite pas venir à ce dîner en commun.

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Voilà, on termine par le dessert ananas accompagné un cake apporté par une bénévole. Les convives quittent la table rapidement. Ils savent que le restaurant doit encore être débarrassé. Des gestes qui se répètent chaque semaine pour des habitués qui ont trouvé en ce lieu d’accueil un remède à leur isolement.

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Le restaurant solidaire Garguantua à Bacalan, une belle initiative qui met la cuisine au centre d’un projet de lien social.

Guarguantua, le restaurant solidaire du diaconat de Bordeaux. 

  • 12 rue Charlevoix de Villers, Bordeaux
  • repas servis les lundi, mercredi et vendredi
  • sur inscription au 05 56 39 28 75