Longtemps les vins de Bordeaux ont compté sur leur seule réputation pour se vendre mais qu’en sera-t’il à l’avenir? L’histoire, la qualité du terroir assuraient une rente aux producteurs. Dans le contexte actuel marqué par une baisse générale de la consommation, l’antériorité de la production ne suffit plus.
Pour info: les chiffres de vente du Bordeaux en 2018 basé sur la présentation d’Alain Sichel, président du CIVB:
Entre l’arrivée de nouveaux pays de production et la montée en puissance des vins du Sud-Est, le Bordeaux doit se réinventer. Pour séduire le consommateur, il faut écouter le marché et innover.
Dans les années quatre vingt les binômes critique et winemaker tel le duo Parker Michel Roland ont su hisser les Bordeaux au rang de stars. Le marché voulait des vins puissants, des vins de garde structurés et boisés. Les prix se sont emballés, l’image du Bordeaux s’est installée comme celle d’un vin d’exception destiné à l’export. Tout semblait aller bien en terres girondines, la filière profitait de l’engouement pour ses Grands Crus. A côté des clients historiques, anglais, américains et nord-européens, les marchés asiatiques offraient une infinité de possibles. On a vendu les Premiers aux très riches et le tout venant aux nouveaux consommateurs tournés vers les prix bas.
Aujourd’hui, la croissance chinoise ralentit, le marché à l’export se complique et le consommateur français boude le Bordeaux. Les ventes sont à la baisse. Pour se rapprocher du marché, plusieurs voies sont possibles. Deux approches semblent bien fonctionner : le bio et le mono-cépage.
On trouve encore des viticulteurs heureux en Gironde. Certains manquent même de stock. Je parle ici de ceux qui sont en bio. Ils vendent bien (+10% en 2018). Leurs vins répondent à la demande des consommateurs pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement.
L’autre axe de développement pour les Bordeaux, c’est le mono-cépage travaillé en vin plaisir à boire dans l’année. Olivier Dauga, consultant sur Bordeaux, me l’a confirmé. Ses clients sont très contents des résultats de leur cuvée à cépage unique. Pour le consommateur néophyte, pour l’étranger habitué à boire un Chardonnay, un Merlot ou Cabernet-Sauvignon le Bordeaux classique, vin d’assemblage est un mystère. Si on lui propose un Malbec ou un Merlot, il est rassuré. Olivier Dauga conseille de les vinifier sur la fraîcheur, de limiter le taux d’alcool, de ne pas ajouter de bois. Il leur ajoute un packaging moderne. On oublie le mot château, on baptise le vin avec humour et on le vend à prix doux histoire d’attirer une clientèle de jeunes.
Etendre sa gamme, travailler le mono cépage, briser les codes du Bordeaux Classique et surtout aller vers le bio, les vins de Bordeaux ont un bel avenir mais beaucoup à faire pour retrouver les faveurs du marché.