Les vins Bio de Bordeaux, les Primeurs 2018

Chaque année, au printemps, les vins de Bordeaux sont présentés en avant première au marché, ce sont les primeurs.  Acheteurs, journalistes et critiques du monde entier sont invités dans les domaines pour goûter et acheter le nouveau millésime. Depuis ce lundi, c’est parti pour le 2018. Bordeaux a lancé sa campagne de commercialisation des vins en primeur.

Les vignerons Bio de Nouvelle Aquitaine étaient ce lundi 1er avril au CAPC. L’entrepôt Lainé retrouvait pour un soir sa vocation d’espace de stockage. Il s’est transformé en cathédrale pour les vins bio. 

le Musée d’Art Moderne de Bordeaux ouvert en nocturne pour une présentation du Millésime 2018 des vins Bio d’Aquitaine

Hier, j’ai rencontré des viticulteurs heureux. Le Bio se porte merveilleusement bien.

Marché du vin bio. Extrait du DP de Millésime Bio

Le marché est très demandeur. Bien sur il y a des des soucis à la vigne. Entre le gel de 2017 et les attaques de Mildiou de 2018, les bordelais ont souffert. Mais le nouveau Millésime s’annonce très joli. L’été indien a su faire oublier le printemps très arrosé. Ramassés à temps, les blancs ont gardé une belle acidité. Les rouges seront parfait dans un an.

Voici en image ma courte sélection de Bordeaux bio, mes coups de coeur parmi les vins que j’ai dégusté (la liste n’est pas fermée, je n’ai malheureusement pas pu découvrir les 75 domaines présentés). Retour sur la soirée BTOBIO des vignerons bio de Nouvelle Aquitaine

Vignerons Bio Nouvelle Aquitaine, les primeurs 2018 au CAPC

Les primeurs 2018 à Bordeaux sont passés, rendez-vous l’année prochaine en 2020 pour de nouveaux vins bio.

Quel avenir pour les vins de Bordeaux ?

Longtemps les vins de Bordeaux ont compté sur leur seule réputation pour se vendre mais qu’en sera-t’il à l’avenir? L’histoire, la qualité du terroir assuraient une rente aux producteurs. Dans le contexte actuel marqué par une baisse générale de la consommation, l’antériorité de la production ne suffit plus.

Pour info: les chiffres de vente du Bordeaux en 2018 basé sur la présentation d’Alain Sichel, président du CIVB:

https://www.vitisphere.com/actualite-89179-Mauvaise-annee-2018-pour-Bordeaux.htm#utm_source=elettre_filiere

Entre l’arrivée de nouveaux pays de production et la montée en puissance des vins du Sud-Est, le Bordeaux doit se réinventer. Pour séduire le consommateur, il faut écouter le marché et innover.

Dans les années quatre vingt les binômes critique et winemaker tel le duo Parker Michel Roland ont su hisser les Bordeaux au rang de stars. Le marché voulait des vins puissants, des vins de garde structurés et boisés. Les prix se sont emballés, l’image du Bordeaux s’est installée comme celle d’un vin d’exception destiné à l’export. Tout semblait aller bien en terres girondines, la filière profitait de l’engouement pour ses Grands Crus. A côté des clients historiques, anglais, américains et nord-européens, les marchés asiatiques offraient une  infinité de possibles. On  a vendu les Premiers aux très riches et le tout venant aux nouveaux consommateurs tournés vers les prix bas.

Aujourd’hui, la croissance chinoise ralentit, le marché à l’export se complique et le consommateur français boude le Bordeaux. Les ventes sont à la baisse.  Pour se rapprocher du marché, plusieurs voies sont possibles. Deux approches semblent bien fonctionner : le bio et le mono-cépage.

On trouve encore des viticulteurs heureux en Gironde. Certains manquent même de stock. Je parle ici de ceux qui sont en bio. Ils vendent bien (+10% en 2018). Leurs vins répondent à la demande des consommateurs pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement. 

Château Piote. Conduite de la vigne en biodynamie, mono cépage et vinification en amphore

L’autre axe de développement pour les Bordeaux, c’est le mono-cépage travaillé en vin plaisir à boire dans l’année. Olivier Dauga, consultant sur Bordeaux, me l’a confirmé. Ses clients sont très contents des résultats de leur cuvée à cépage unique. Pour le consommateur néophyte, pour l’étranger habitué à boire un Chardonnay, un Merlot ou Cabernet-Sauvignon le Bordeaux classique, vin d’assemblage est un mystère. Si on lui propose un Malbec ou un Merlot, il est rassuré. Olivier Dauga conseille de les vinifier sur la fraîcheur, de limiter le taux d’alcool, de ne pas ajouter de bois. Il leur ajoute un packaging moderne. On oublie le mot château, on baptise le vin avec humour et on le vend à prix doux histoire d’attirer une clientèle de jeunes.

Travail sur le gamme et conversion en Bio pour Château Marzin

Etendre sa gamme, travailler le mono cépage, briser les codes du Bordeaux Classique et surtout aller vers le bio, les vins de Bordeaux ont un bel avenir mais beaucoup à faire pour retrouver les faveurs du marché.