Une journée entre Armagnac et Rugby avec Olivier Dauga, le faiseur de vin.

Voici les meilleures images de notre visite à Château Pierron en Lot et Garonne. Il faisait froid ce jour là sur le plateau dominant Nérac mais la chaleur de l’Alambic nous a réchauffés.

Partis de Bordeaux dans le Bus de SUA, nous sommes accueillis par Jean-François Fonteneau, propriétaire du domaine avec Guy Beloossoff depuis 2007. Les deux associés n’ont pas changé l’orientation du domaine, replanté dans les années 70 en Merlot et Cabernet pour faire de l’ AOC Buzet. Mais ils conservent les 2,5 hectares d’Ugni blanc, le cépage phare du vin destiné à la distillation. Ils entendent bien continuer la production d’Armagnac sur ces terres de Ténarèze. Ils ambitionnent même de redonner ses lettres de noblesse au breuvage qui a fait la réputation du domaine. Restés indépendants là où 95% du vin de Buzet est fait sous la bannière d’une coopérative, Ils perpétuent aussi la tradition de la distillation à la propriété sous la conduite d’un distillateur ambulant. C’est l’occasion d’une journée de partage autour de la mythique blanche qui nous a réunis, blogueurs, amis et restaurateurs clients du domaine.

Jean-François Fonteneau commence par nous présenter son équipe très marquée par l’esprit rugby. Personne ne s’en étonne, JF Fonteneau est président du directoire du club d’Agen. Il évoque son engagement au sein du club, ses espoirs et ses difficultés en tant que petit poucet financier du club XIV. Il nous présente un invité de marque : Philippe Sella, Rugbyman de légende, 111 fois sélectionné en équipe de France et aujourd’hui directeur rugby et du développement du SU Agen.

portrait d'Olivier Dauga, consultant en vin

Jean-François Fonteneau et Olivier Dauga, le faiseur de vin

Vient ensuite le moment de la visite du domaine menée par Pascal Pralong, le responsable technique de Château Pierron. Nous découvrons un outil de travail moderne installé en 2009 lors de l’achat de la propriété, cuves en inox thermorégulées pour les rosés, chais à barriques neuves pour le rouge. L’assemblée est concentrée mais dans l’attente, nous sommes là pour la distillation et fantasmons tous sur le mystérieux alambic, un chef-d’œuvre de cuivre ambré qui nous attend dans la grande salle attenante aux chais. Le distillateur ambulant s’y est installé pour quatre jours. Il va travailler en continu, entretenir le feu de la chaudière et surveiller la température de chauffe qui doit rester constante. A Château Pierron on distille environ 200 hectolitres de vin qui donneront 30 hectolitres d’alcool pur.

Alambic Armagnacais à distillation simple

Le Circuit de l’Alambic

 Le vin blanc froid rentre dans l’alambic vient déborder sur différents plateaux charge. Il suit un circuit opposé à celui de l’eau-de-vie. Il monte et se réchauffe dans le chauffe-vin traversé par le serpentin où se condensent les vapeurs d’eaux-de-vie venant de la colonne ; conduit dans la chaudière, il se volatilise. Les vapeurs remontent à travers les  plateaux de la colonne, barbotent dans le vin en cours de descente et se chargent de l’alcool et de la majorité de ses substances aromatiques.

A la sortie de l’alambic, l’eau-de-vie est incolore, son degré alcoolique peut varier de 52% à 72% (mais il est traditionnellement compris entre 52% et 60%).

A ce stade, l’Armagnac est encore plein de fougue, mais il est déjà d’une grande richesse aromatique : très fruité (prune, raisin…) et souvent floral (fleur de vigne ou de tilleul).

(extrait du site de la Maison Désiré) 

Enfin réunis autour de l’alambic, nous sommes tous fascinés par l’eau de vie cristal qui s’en écoule. Chacun viendra remplir son verre directement au sortir de serpentin et sentira la chaleur du « vitriol » le brûler de l’intérieur.

S’ensuit un déjeuner de travail aux accents du Sud-Ouest : carpaccio de saint jacques à la truffe, foie gras à la plancha et côte de bœuf au barbecue. Et oui on bosse, on goûte les vins de la propriété, le rosé pour nos déjeuners d’été, le Buzet rouge pour un dîner rentre copains et la jolie cuvée spéciale du domaine l’Alternative, un Buzet rouge issu des meilleurs raisins du domaine et vieilli en fût de chêne neuf.

On termine par une dégustation dans le chai à Armagnac. Plongés dans une semi-obscurité, nous savourons l’or liquide au sortir de la barrique. L’eau de vie s’est bonifiée au contact du bois, elle s’est chargée en arômes et a pris une magnifique couleur ambrée. Avec les années, L’Armagnac perd aussi en degré, une partie de l’alcool s’évapore ; on parle joliment de la part des anges.

La fin de journée prend des airs de veillée à la campagne quand un des distillateurs se lance dans un incroyable one man show. Doté d’un accent merveilleux, d’un look total Sud-Ouest et d’un verbe haut en couleur, il nous conte des histoires d’Armagnac et de son cousin le cognac. Extrait :

Le Cognac, moi j’en bois, j’en ai bu, je peux pas dire que c’est déguelasse. Y’en a du bon, y’en a du mauvais.

Plus sérieux, je vous explique d’où vient le nom de l’Armagnac. Le nom de l’Armagnac, cela date de l’époque Napoléonienne. Napoléon sur son cheval, sur le champ de bataille repère un jeune soldat très brave. Il demande à ses généraux :

  • Qui c’est ce jeune ? Présentez-le moi ce soir à ma table.

Le soir venu, le soldat se présente et se met au garde à vous.

  • Soldat Niac,
  • D’accord mon jeune, d’ou es-tu ?
  • De Gascogne, du sud de la France
  • D’où vient cette vaillance, d’où vient ce courage, quelle est ton arme ?

Il sort une petite bouteille.

  • C’est çà, la gnôle de mon pays, j’en bois un coup et après mes forces sont décuplées.

L’empereur il a vu ça et il a dit à ses généraux : à partir de demain que tout le monde boive de l’arme à Niac.

 Et ils ont gagné, ils ont gagné…

L’auditoire pleure de rire. Ambiance de troisième mi-temps dans la cave, l’armagnac nous a définitivement chauffé. La suite, je ne la raconte pas. On a bien chanté dans le bus du retour. Toute la blogosphère est d’ailleurs ravie de te dire que nous comptons un crooner parmi nous.

Clap de Fin pour cette journée entre Armagnac et Rugby avec Olivier Dauga, le faiseur de vin.

Une journée dans les pas d’Olivier Dauga, consultant en vin.

Dans les années 80, on les a baptisé winemakers, en français faiseur de vin comme se qualifie Olivier Dauga. Venus vers les vignerons avec leur notoriété et leur savoir-faire, ils ont bouleversé le monde du vin. Ils ont apporté beaucoup de positif, une connaissance scientifique des sols, le contrôle des maturités, des fermentations, une meilleure hygiène dans les chais, une ouverture aux pratiques nouvelles et des débouchés commerciaux inespérés. Ils ont aussi formaté les vins au goût américain ( vin concentré, dominante de vanille et bois) personnifié par le célèbre critique Robert Parker. On leur a alors reproché leur vision trop personnelle.

Aujourd’hui, le rôle du consultant a évolué. S’il a gardé le panache, le verbe haut et l’habit flamboyant, Oliver Dauga se fait discret dans son approche. Il ambitionne de faire le meilleur vin possible compte tenu du terroir et des moyens matériels disponibles tout en cherchant à répondre aux aspirations d’un marché hyper concurrentiel. Pour Olivier, rien ne sert d’avoir le plus beau vin du monde s’il doit dormir dans la cave de son producteur. Après une analyse du potentiel du domaine, il réfléchit avec son client à un projet commun. Son approche globale du sujet le conduit à offrir ses conseils depuis la conduite de la vigne jusqu’à la commercialisation des vins. Depuis ses débuts, il a fidélisé une clientèle de vignerons-artisans avec qui il travaille en toute confiance. J’ai eu le plaisir de l’accompagner sur trois rendez-vous début octobre, en début de vinification de la vendange 2017. Voici mon retour sur cette passionnante visite dans les chais en compagnie de Charlotte, , d’Amélie, de Catherine Vivez.

Notre programme nous a emmené rive droite découvrir trois propriétés dotées chacune d’une personnalité différente. Chaque rendez-vous a connu un déroulé similaire :

Prise de contact avec les propriétaires et retour sur la difficile année 2017. La météo a joué avec les nerfs des viticulteurs avec l’épisode de gel sévère en avril qui a détruit 70 à 80% de la future récolte, le mois de juin caniculaire et le vilain été terminé par un mois de septembre assez frais. Partout les volumes sont en nette régression mais ce qui a été sauvé s’annonce bien, sans égaler les superbes années 2015 et 2016.

Présentation du domaine et dégustation des premiers jus. A chaque étape, nous avons goûté, à la cuve, la vendange 2017. Ce fut une expérience fabuleuse, une totale découverte. Le jus en phase de macération n’a pas encore sa teinte définitive. D’une belle couleur framboise à ses débuts, il va gagner en intensité et tendre vers le rubis en fin de stade. Les particules solides en suspension (les bourbes) donnent à la boisson un aspect trouble et à la dégustation une mâche inhabituelle. En bouche, c’est du bonbon et de la fraîcheur, une gourmandise.

Côté plaisir, c’est un moment magique où les acteurs se prennent à imaginer le futur du produit. Leurs expériences, leurs connaissances leur permettent de se projeter dans l’avenir. Le consultant cherche aussi à débusquer les défauts comme les déviations organoleptiques dues à un mauvais état sanitaire de la vendange. Si d’aventure, un défaut majeur venait à apparaître, il conviendrait d’écarter la cuve incriminée ou alors de tenter une correction lors du processus d’élaboration du vin. Si le moment semble déterminant pour le viticulteur, aucun stress apparent ne vient troubler notre dégustation. Une évidente complicité unit Olivier Dauga à ses clients. On le sent plus compagnon de route que gardien du dogme.

En dernier, nous avons parlé des vins de chaque propriété et de leur gamme. J’ai beaucoup aimé l’approche très constructive d’Olivier Dauga qui cherche pour chacun de ses clients à révéler une spécificité. Loin de vouloir faire des vins identiques et formatés, il fait parler le terroir. Sur un domaine, il isole les meilleures parcelles pour en faire des cuvées spéciales qu’il appelle Atmosphère. En parallèle, il encourage ses clients à suivre le marché qui réclame du mono cépage, des goûts nouveaux et de l’émotion. Au lieu de vouloir à tout prix faire un Bordeaux classique dont l’appellation Côtes de Blaye, Côtes de Bordeaux, Côtes de Castillon ou Bordeaux Supérieur est illisible passée les frontières de l’Aquitaine, il met en avant un Malbec ou un Cabernet Franc qui trouveront plus facilement des débouchés à l’export. L’assemblage si caractéristique du bordelais se pratique moins à l’étranger. La démarche séduit aussi le consommateur français en quête de nouveauté à des prix accessibles. Avec ces nouveaux vins, on va peut être revoir le Bordeaux à la table des jeunes restaurateurs qui ont délaissé les grands crus aux prix astronomiques.

A nous aussi de soutenir par nos achats ces propriétés innovantes qui luttent au quotidien pour se faire une place sur le vaste marché bordelais. Je donne ici quelques informations sur les trois domaines visités. Toutes font de la vente en direct.

 

Château Cantinot, Blaye, Côtes de Bordeaux

  • www.chateau-cantinot.com
  • Rive droite à 8 km de Blaye
  • 1 Cantinot, 33 390 Cars, 05 57 64 31 70
  • Propriété de la famille Bouscasse depuis 2002.
  • Les étiquettes sont tatouées d’une roue de Mulhouse, emblème de la prestigieuse Compagnie Maritime Delmas-Vieljeux autrefois propriété du grand-père de Florence Bouscasse
  • Les vins sont signés Nicolas Bouscasse, œnologue, chef de culture, maître de chais et aussi fils de Yann et Florence.
  • Elevage en barrique Bourguignonne.
  • La gamme comprend Cinq rouges : deux cuvées très spéciales, un grand vin et deux seconds.
  • Les deux cuvées spéciales témoignent du souci d’excellence des Bouscasse. On comprend qu’ils sont dans la recherche, dans l’audace et l’authenticité. Leurs vins ne contiennent ni intrants, ni levures ajoutées.
  • Orbite est la pépite de la propriété. Assemblage de Merlot, Cabernet Franc et de Malbec. Le raisin n’est pas éraflé. La vinification se fait grappe entière comme souvent à Châteauneuf du Pape.
  • Les Tours de Cantinot, cuvée parcellaire avec élevage de 24 mois en cuves tronconiques.

Château Marzin, Blaye Côtes de Bordeaux

  • www.chateaumarzin.com
  • Rive droite, 24 km de Blaye
  • 1 aux vignes 33620 Cézac, 05 57 68 65 26
  • Propriété de Pierre et Sylvie Marzin depuis 2003. Surface 6,5 hectares
  • Pierre ancien infirmier et copain de rugby d’Olivier Dauga travaille en agriculture raisonnée.
  • Sa gamme comprend un rosé, un blanc et quatre rouges depuis le Marzinus en petit vin, le Château Marzin, la cuvée identitaire jusqu’au deux cuvées spéciales l’Ane et la Mule.
  • L’Ane -15 €- : Une cuvée ancrée dans le Sud – Ouest qui met à l’honneur un cépage de caractère, le Malbec en association avec du Merlot. Cette cuvée prestige permet à Pierre Marzin de travailler à l’ancienne, en douceur, avec des vendanges manuelles, des raisins pressés dans un vieux pressoir à vis. Le résultat : un vin plaisir que l’on peut boire assez rapidement.

Château Fleur Haut Gaussens, Bordeaux Supérieur

  • https://www.chateau-fleurhautgaussens.com
  • Rive droite, 15 Km Nord-Ouest de Libourne
  • 11 Les Gaussens 33240 Vérac, 05 57 84 48 01
  • Propriété familiale depuis 1941, aujourd’hui dirigée par Hervé Lhuillier
  • La gamme : uniquement des rouges. Une cuvée identitaire Château Fleur Haut Gaussens. Vignes agées de 30 ans, culture en raisonnée, vendanges mécaniques et élevage 6 mois.
  • Deux cuvées parcellaires.
  • Château Fleur Haut Gaussens Malbec -15 € – ‘ la Viminière ‘ la pépite du domaine issue d’une parcelle de 1 hectare de jeunes vignes. Culture en agriculture raisonnée, vendanges manuelles, élevage 12 mois en fut de chêne américain et français
  • La Bergeronnette 15€ mono cépage d’une parcelle de Cabernet Franc choisie pour sa belle exposition. Elevage pour 2/3 en cuve inox et pour 1/3 en barrique neuve de chêne français. Bouteille bourguignonne

Rem : les prix indiqués sont les Prix de vente public, départ propriété.