Avril 2021, je délaisse la cuisine au profit de la littérature. J’ai décidé de confiner utile et de ne plus gaspiller mon temps libre.
- Au premier lockdown, j’ai fait des gâteaux,
- Au second je me suis mise au yoga
- Au troisième je nourris mon cerveau.
Je n’ai rien trouvé de plus exotique, de plus captivant pour m’échapper de l’ambiance anxiogène de ces temps de pandémie que la lecture des Rougon Macquart d’Emile Zola. Dans cette chronique, je partage mon coup de coeur pour le ventre de Paris d’Emile ZOLA, un roman qui a pour cadre les Halles de Paris du temps où l’endroit était le coeur du Paris gourmand.
Les Rougon Macquart, le chef-d’oeuvre d’Emile Zola
Vous connaissez je suppose certains romans de la Saga. L’Assommoir, Nana et Au bonheur des dames sont toujours au programme du Lycée.
Aujourd’hui je vous recommande de relire le ventre de Paris, mon préféré des épisodes de cette épopée en 20 romans.
Pour nous les amoureux de la cuisine et du bon produit, c’est un régal, une immersion dans le paris populaire et culinaire du XIX. On y suit Florent, un évadé du bagne de Cayenne qui trouve dans les Halles de Paris un monde où se cacher. On y croise un peuple fascinant régit par la hiérarchie des métiers depuis les simples vendeuses de bouquets à deux sous jusqu’aux marchandes bien installées derrière leur étal.
Au fil des pages, nous nous baladons dans ce marché fabuleux. On imagine les bruits, les odeurs bonnes et mauvaises. C’est vraiment une expérience virtuelle incroyable.
On y parle beaucoup poisson mais aussi cochon. Le frère du héros est charcutier. Sa boutique nous est décrite avec délectation. Zola parle d’un univers de saucisses, de langues fourrées, de pieds de cochons, de boudins et de pâté tout chaud où la viande dort dans un lac de graisse figée.
Dans le livre tout nous ramène à la nourriture au point que les personnages ont le physique de leur repas. La méchante et décharnée vieille fille mademoiselle Saget se nourrit de rogatons quand Lisa, la belle charcutière à la chair rose trone au milieu de son étalage de victuaille. Vous ne pourrez que sourire à la lecture de ce grand classique et en ce moment cela fait un bien fou.
Gervaise, Nana la chute et l’ascension des femmes au XIX
Si vous aimez, les sagas, il faut lire absolument l’Assommoir et Nana. Le premier parle du paris populaire et ouvrier de la Goutte d’Or quand le second nous ouvre les portes des boudoirs et des hôtels particuliers où les hommes du monde venaient s’encanailler et perdre leur fortune avec des cocottes insatiables. A chaque fois, la cuisine, la table et le repas occupent une place très importante dans le récit.
Dis-moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es.
Brillat – Savarin 1825
Cette phrase de Brillat-Savarin, auteur culinaire, trouve dans les Rougon-Macquart sa parfaite illustration. Chez Zola, le repas a une dimension symbolique majeure. Dans le livre, il y a le snacking, le déjeuner avalé sur un coin de table. Mais il y a surtout le banquet, celui des noces et celui qu’on offre aux voisins pour montrer sa nouvelle position sociale.
Dans L’Assommoir, Gervaise, l’héroïne convie les habitants du quartier à partager un festin pour l’inauguration de sa blanchisserie, commerce qu’elle mangera petit à petit en boisson et régalades.
Plus tard,Nana, sa fille, devenue femme entretenue marquera son installation dans un hôtel particulier par un banquet où elle étalera un luxe de vaisselle et de mets choisis.
Le repas gastronomique à la française, un élément du patrimoine mondial
Pour terminer sur la place de la cuisine et du repas chez Zola, je dirais que l’écrivain en homme de son siècle montre l’importance prise par la gastronomie à cet époque. L’essor de la bourgeoisie au XIX révolutionne la cuisine française. Tout ce qui était autrefois réservé à la cour entre dans le monde nouveau des familles enrichies par le commerce et l’industrie.
La salle à manger est une invention de cette époque comme vous pouvez le découvrir ici: http://lemeilleurdebordeaux.fr/tag/arts-decoratifs-bordeaux/
Voilà, il ne vous reste plus qu’à courir chez votre libraire favori. Je rappelle qu’en ce troisième confinement le livre est devenu essentiel. On trouve les romans d’Emile Zola en édition poche au prix de 4€. C’est un voyage dans le temps qui ne vous ruinera pas.