C’est la rentrée pour les vignerons de Nouvelle Aquitaine. Ce lundi 31 août se tenait BtoBIO à la Faïencerie.
Chaque année, les vignerons bio de Nouvelle Aquitaine présentent leurs vins à la dégustation. Ce rendez-vous se tient traditionnellement pendant la semaine des primeurs en avril. Mais en 2020, le Covid a tout bouleversé et c’est donc avec retard que le millésime 2019 est dévoilé aux acheteurs professionnels.
Pour cette nouvelle édition, le salon s’est installé à la Faïencerie, un lieu chargé d’histoire, un endroit magnifique propice aux belles rencontres. Car BtoBIO c’est plus qu’une dégustation en avant-première. Dans le monde des vins conventionnels, la semaine des primeurs est l’évènement annuel des Bordeaux. Les dégustateurs du monde entier viennent découvrir un millésime avant sa mise sur le marché pour se positionner commercialement. C’est le moment crucial où tout se joue, où les grands châteaux annoncent leur prix de sortie, où se décident les premières transactions. La semaine des primeurs donne la tendance du marché dans une ambiance électrique. La place de Bordeaux retient son souffle à l’écoute des rumeurs, des avis des grands critiques et autres faiseurs de rois.
BtoBIO fonctionne différemment et de manière beaucoup plus sereine. Les vignerons bio ont choisi de proposer en même temps leur primeurs et leurs livrables (c.a.d les vins déjà stockés en bouteille et disponibles immédiatement à la vente). Cela permet de découvrir un domaine dans sa globalité.
BtoBIO : Bel assemblage de 80 vignerons bio
Quand 80 vignerons exposent, c’est toute la richesse, la diversité du bio qui s’offre aux visiteurs. Le Bordeaux Bio n’est pas un, il est multiple. Au cours de ma dégustation, j’ai découvert des viticulteurs très différents. Certains travaillent la vigne comme un jardin, d’autres sont à la tête de vastes domaines sur plusieurs appellations. La plus petite exploitation représentée à Btobio ne fait que 1 hectare. C’est le Clos Bonnefare à Montravel – production 4 000 bouteilles/an. La plus grande en compte 270, il s’agit de Bordeaux Vineam – production 700 000 bouteilles/an. Leurs problématiques sont forcement très différentes. De la même façon leur chemin vers la culture en bio est lui aussi unique. Voici en exemple quelques profils.
Le viticulteur bio depuis toujours.
Les progrès à la vigne sont venus après la seconde guerre mondiale. Les années 50 ont vu l’arrivée des tracteurs, de la mécanisation et de la Chimie. Certains vignerons ont très vite senti les dangers des pesticides, fongicides et autres produits joliment appelés phytosanitaires. Ils sont restés sur des méthodes traditionnelles de lutte contre les ravageurs et maladies de la vigne. Ils se sont naturellement tournés vers le bio. C’est le cas du vignoble Boudon à Soulignac https://www.vignoble-boudon.fr , un domaine de 28 hectares dans l’Entre-deux-mers. Ils travaillent en bio depuis 1963. J’ai craqué pour leurs blancs. Le classique Domaine du Bourdieu, un vin blanc sec , assemblage de Sémillon, Sauvignon blanc et gris et Muscadelle ( qui donne un profil très aromatique). Le très intéressant ChaPô, un blanc sec sans sulfites, un côté salin et légèrement perlant. J’adore.
Dans cette catégorie de Bio depuis toujours, il y a l’excellent Château Coutet à Saint Emilion dont j’ai déjà parlé dans le Blog, les vignobles de la famille Cassy Laurent, Château Chillac et Quillet et bien d’autres…
Château Coutet dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/chateau-coutet-vin-de-saint-emilion-bio-et-nature/
Les domaines de grand propriétaire
Ce sont des propriétés remarquables qui ont changé de main au cours des siècles et qui sont dirigées aujourd’hui par des investisseurs amoureux du vin. Ils ont fait le choix raisonné du bio et se sont donnés les moyens techniques à la hauteur de leur passion. Dans cette catégorie, il y a Château de la Dauphine à Fronsac. J’aime beaucoup cette appellation proche de Saint Emilion. On y fait un vin à majorité de Merlot qui a de la rondeur et de la finesse. Château de la Dauphine est un des figures emblématiques de ce territoire. A BtoBIO 2020, on pouvait déguster leur 2015, une superbe année, un millésime déjà prêt à boire et aussi le 2019 encore dans sa jeunesse. Le vin en manque pas de charme avec sa robe couleur cerise noire surlignée de framboise. A la dégustation, j’aime sa délicatesse, sa belle attaque et sa longueur en bouche. Encore un peu de patience et ses tanins délicats vont s’assouplir, il sera parfait. On aurait donc tort de ne pas profiter d’une année où les prix sont plus sages pour ne pas commander en primeur. Château de la Dauphine 2019 s’achète en direct à la propriété au prix de 14,95€ la bouteille de 75cl. Il sera livré en 2022. ( commande à passer avant le 30 septembre)
Château de la Dauphine dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/oenotourisme-vert-le-green-tour-du-chateau-de-la-dauphine/_dsc0264/
Autre exemple de grande propriété, Château de la Lagune orchestré par Caroline Frey. Pour BtoBio, la maison présentait les deux vins du domaine et celui d’un satellite mademoiselle L . 2019 est le premier millésime certifié bio du Château.
Château de la Lagune dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/chateau-la-lagune-le-second-des-grands-crus-classes-a-obtenir-le-label-bio/
les néo vignerons
Ils ont commencé leur vie active dans un autre domaine et la passion vin leur a fait changer de cap. Ce sont les néo vignerons. Certains partaient avec de bonnes connaissances, d’autres n’avaient que leurs envies. Tous se sentaient libres de tracer leur route, ils ont choisi le bio comme une évidence. Dans cette catégorie , j’ai remarqué Mélanie Haguenin qui travaille avec son mari Thomas au Château L’Escarderie en Fronsac. 2019 est leur premier millésime sur un vignoble dont l’ancien propriétaire ne produisait pas de vin mais portait tout à une coopérative. Alors quand on doit tout inventer, on peut jouer d’audace. Installés depuis 2015 seulement, les Haguenin osent. Ils vinifient en barriques de chêne, en amphores de terre cuite et limitent les intrants dans leurs vins.
Les néo vignerons sont de plus en plus nombreux. Quand l’envie de nature et de changement de vie se fait la plus forte, travailler la vigne reste un beau projet. A Btobio, il y avait dans ce registre le Château La Brande de Benoit Soulies. J’en oublie certainement car malheureusement je ne pouvais rencontrer 80 vignerons en une seule fois.
BtoBio 2020, ce fut une très belle édition. Les acheteurs sont- ils tous venus ? Je n’ai pas l’information mais il y avait une belle affluence sur le salon. L’intérêt pour les vins bio ne faiblit pas. Il me semble que cela reste la meilleure voie pour le Bordeaux. Aujourd’hui, la Nouvelle Aquitaine se positionne comme la troisième région en bio derrière le Languedoc et la région PACA . Le nombre de propriétés certifiées ne fait que croître. C’est le moment pour les acheteurs de revenir sur le Bordeaux pour encourager ces bonnes pratiques. Ici à Bordeaux l’avenir s’écrit en vert.