Vinexpo 2019, une journée avec Sophie Juby

La vingtième édition de Vinexpo Bordeaux se tient du 13 au 16 mai à Bordeaux Lac. Voici en quelques lignes et photos le récit de la journée d’une Winelover.

Vinexpo Bordeaux, l'entrée principale, le Hall 1
L’entrée principale de Vinexpo Bordeaux

Comme le disait très justement une de mes amies, pour nous les passionnées de vin, Vinexpo, c’est Disneyland. La Fête des yeux et des papilles, des stands XXL, des flacons instagrammables et des superbes vins à déguster.

Vinexpo 2019 en chiffres :

  • 1600 sociétés exposantes
  • 29 pays représentés
  • 10% de spiritueux
  • 150 producteurs de vins bio ou biodynamique issus de 10 pays
  • 12 conférences
  • Des Masterclass 

Voilà, malgré une baisse de 30% du nombre d’exposants par rapport à l’édition 2017, La Foire internationale des vins de Bordeaux a fière allure. Le salon, réservé au professionnels du vin, est avant tout un lieu de prise de contact entre producteurs, négociants et acheteurs. C’est pour nous les chroniqueurs, une occasion rêvée de découvertes et de belles rencontres.  Tout cela demande du temps alors pour optimiser sa journée, on prépare, on anticipe. Sur le site du salon, j’ai consulté le programme et construit mon emploi du temps. https://www.vinexpobordeaux.com/infos-pratiques/

Très attirée par les vins du monde, j’aurai aimé tester les vins de Géorgie (les premiers dans l’histoire) ou ceux de Chine (le marché en plein essor qui d’importateur deviendra exportateur très prochainement). Je n’ai pas eu le temps.

La Chine, sixième pays producteur de vin au monde. Second après l’Espagne pour la taille de son domaine viticole.
https://www.vinexpobordeaux.com/infos-pratiques/

J’ai choisi de consacrer ma matinée aux vins Portugais. Je rentre d’un roadtrip entre l’Algarve et l’Alentejo. J’ai eu l’opportunité de faire une première dégustation à la maison des vins d’Evora. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur un pays de tradition viticole. 

Les vins Portugais à Vinexpo

J’ai commencé par la zone de dégustation libre où les dix régions de production sont représentées. J’ai continué par quelques stands de domaine pour goûter le célèbre vino verde, des rouges en bio et d’autres produits. Pour terminer ce voyage immobile, j’ai assisté à la Masterclass des vins du Douro, région d’origine du Porto. Le speaker, monsieur Bento Amaral, directeur du contrôle qualité de l’IDVP, nous a accompagné dans la dégustation de 8 vins en mono-cépage. Cette approche originale nous a permis une première découverte de l’immense potentiel de la région.  Mes préférés : Uivo Tinta Francisca 2016 de Folias de Baco. Une belle robe couleur cerise noire, une élégance proche du pinot noir. Un vin léger pour l’été. Et dans un registre plus puissant, le Vallado Sousao de la Quinta do Vallado, aux notes de fruits noirs et d’épices.

Le Vinho Verde, le blanc le plus septentrional du Portugal

Pause Cocktail avec Sorgin

J’ai quitté le Portugal au moment de l’apéritif. Je me suis donc laissé tenté par un cocktail West Side Gin et herbes fraîches, du peps, de la fraîcheur, j’ai adoré. Merci à Aymeric pour la recette. 

Ingrédients pour un Verre :

  • 5 cl de Sorgin
  • 5 morceaux de poivron vert
  • 8 feuilles de menthe
  • 1/2 citron vert pour le jus
  • Mettez le poivron et la menthe dans le shaker, pilez.
  • Ajoutez le reste des ingrédients
  • Shaker énergiquement avec deux glaçons
  • Servez en filtrant.
  • Ajoutez une branche de thym citron
  • C’est prêt et c’est good.

Ce cocktail fraicheur et peps m’a redonné l’énergie pour continuer. Il m’en fallait une bonne dose pour rejoindre l’espace des vins bio et biodynamie en fin du Hall 1. Pas sympa de les mettre tout au bout. Je suggère d’ailleurs aux organisateurs du salon de penser à l’avenir. Le bio ce n’est pas une mode. Si Bordeaux veut garder sa place au sein des manifestations incontournables du vin, il va peut-être songer à revoir les fondamentaux. Une des règles du commerce, c’est de regarder le marché. Et aujourd’hui, le consommateur veut du bio, du bien être, du boire sain. Fin de la parenthèse. 

Le Rosé de Provence, la star des tables de l’été voit sa part de marché s’envoler.

Edition limitée du M de Minuty : « Ruby Taylor »

J’ai profité du long chemin jusqu’au bio pour faire des stops. Le premier chez Minuty, le plus hype des rosé de Provence. Là, gros coup de cœur pour la série spéciale aux couleurs de l’été. J’en ferai bien la star de ma table d’été. Sa robe si pâle comme un voile rose lui donne une élégance folle.

Second arrêt, pour un Chablis, mon blanc fétiche. On a resitué les Grands Crus.

Stop ensuite en terres Bordelaises.

Pomerol et Saint Emilion. Merci monsieur Jean-François Janoueix pour votre accueil, je viendrai avec plaisir visiter un de vos domaines. Et puis je file, parce que la dégustation, ça fatigue. Il faut garder l’envie pour le meilleur.

Les vins bio et en biodynamie à Vinexpo

Je termine ma journée par la salle 3 où La Renaissance des Appellations est installée. Cet espace mériterait de longues heures de dégustation. A chaque table, on rencontre, un(e) viticulteur(ice) qui travaille sa terre en bio et au-delà. Avec la biodynamie, les producteurs ambitionnent de revenir au terroir. A l’aide de préparations homéopathiques, ils redonnent force et énergie à la terre. Leur domaine sont compris comme des écosystèmes où l’équilibre entre la vigne et son milieu permet de revenir à une agriculture saine, libérée de la chimie. Les vignerons-artisans sont aussi passionnants pour leur vinification la plus naturelle possible. Peu interventionnistes, ils nous livrent des vins différents, dotés d’une vraie personnalité. 

Un Côte de Duras fruité pour nos déjeuners d’été.

Voilà, une journée réussie, c’est un planning prévu à l’avance. Entre masterclass et dégustation, j’espère que mon retour d’expérience sur l’édition 2019 vous aura donné quelques envies.

Challenge International du Vin, un concours révélateur de talents

La 43ième édition du Challenge International du Vin, s’est déroulée en présence de l’acteur Clovis Cornillac. Ce concours a permis de distinguer les nouveaux talents parmi les 3600 vins testés de l’édition 2019.

Qui n’a jamais senti un grand moment de solitude au moment de choisir son vin, au milieu d’un rayon de supermarché long comme une piscine olympique ? Gagner la mise uniquement par le prix où l’étiquette relève de l’exploit. 

Il existe cependant des distinctions qui aident le consommateur égaré. Le Challenge international des vins en a fait sa spécificité. Chaque année, cette association d’amateurs passionnés organise à Bordeaux, une grande dégustation à l’aveugle dans le but de promouvoir des vins de qualité, agréable à boire.

Désormais, je vous invite à guetter la médaille sur les bouteilles primées. Vous êtes assurés d’acheter un vin plaisir.

Pour mieux comprendre le concours, voici quelques informations sur la 43ième  édition :

Clovis Cornillac, Invité d’honneur du Challenge International du Vin 2019

Challenge International du vin, l’édition 2019 en chiffres :

  • 2 jours de dégustation les 12 et 13 avril, au Palais des Congrès de Bordeaux
  • 560 dégustateurs Français et étrangers. 
  • 3600 vins testés.
  • Un pays à l’honneur : la Grèce 
  • Une star du cinéma pour parrain : Clovis Cornillac
  • 1120 médailles attribuées
  • 6 prix spéciaux parmi les lauréats d’or

Le Palmarès complet est disponible ici : https://www.challengeduvin.com/index.php?option=com_content&view=article&id=4&Itemid=15&tmpl=recherche&annee=2019

Les retombées du Concours 

Le Challenge International du vin mettra en avant les vignerons dont les vins ont retenu l’attention du jury lors de la prochaine session de Vinexpo le mardi 14 mai 2019. Les vins primés seront présentés aux acheteurs internationaux à la Vinexpo Academy – Hall 1 – Entrée K – Salle 4.


Retour sur le Challenge International du vin, Palais des Congrès de Bordeaux

Clovis Cornillac, amateur de bons vins et invité d’honneur du Challenge International du vin

Après cette édition 2019 du Challenge International du Vin, rendez-vous est pris pour le concours de l’année prochaine afin de récompenser les nouveaux talents .

Les vins Bio de Bordeaux, les Primeurs 2018

Chaque année, au printemps, les vins de Bordeaux sont présentés en avant première au marché, ce sont les primeurs.  Acheteurs, journalistes et critiques du monde entier sont invités dans les domaines pour goûter et acheter le nouveau millésime. Depuis ce lundi, c’est parti pour le 2018. Bordeaux a lancé sa campagne de commercialisation des vins en primeur.

Les vignerons Bio de Nouvelle Aquitaine étaient ce lundi 1er avril au CAPC. L’entrepôt Lainé retrouvait pour un soir sa vocation d’espace de stockage. Il s’est transformé en cathédrale pour les vins bio. 

le Musée d’Art Moderne de Bordeaux ouvert en nocturne pour une présentation du Millésime 2018 des vins Bio d’Aquitaine

Hier, j’ai rencontré des viticulteurs heureux. Le Bio se porte merveilleusement bien.

Marché du vin bio. Extrait du DP de Millésime Bio

Le marché est très demandeur. Bien sur il y a des des soucis à la vigne. Entre le gel de 2017 et les attaques de Mildiou de 2018, les bordelais ont souffert. Mais le nouveau Millésime s’annonce très joli. L’été indien a su faire oublier le printemps très arrosé. Ramassés à temps, les blancs ont gardé une belle acidité. Les rouges seront parfait dans un an.

Voici en image ma courte sélection de Bordeaux bio, mes coups de coeur parmi les vins que j’ai dégusté (la liste n’est pas fermée, je n’ai malheureusement pas pu découvrir les 75 domaines présentés). Retour sur la soirée BTOBIO des vignerons bio de Nouvelle Aquitaine

Vignerons Bio Nouvelle Aquitaine, les primeurs 2018 au CAPC

Les primeurs 2018 à Bordeaux sont passés, rendez-vous l’année prochaine en 2020 pour de nouveaux vins bio.

Quel avenir pour les vins de Bordeaux ?

Longtemps les vins de Bordeaux ont compté sur leur seule réputation pour se vendre mais qu’en sera-t’il à l’avenir? L’histoire, la qualité du terroir assuraient une rente aux producteurs. Dans le contexte actuel marqué par une baisse générale de la consommation, l’antériorité de la production ne suffit plus.

Pour info: les chiffres de vente du Bordeaux en 2018 basé sur la présentation d’Alain Sichel, président du CIVB:

https://www.vitisphere.com/actualite-89179-Mauvaise-annee-2018-pour-Bordeaux.htm#utm_source=elettre_filiere

Entre l’arrivée de nouveaux pays de production et la montée en puissance des vins du Sud-Est, le Bordeaux doit se réinventer. Pour séduire le consommateur, il faut écouter le marché et innover.

Dans les années quatre vingt les binômes critique et winemaker tel le duo Parker Michel Roland ont su hisser les Bordeaux au rang de stars. Le marché voulait des vins puissants, des vins de garde structurés et boisés. Les prix se sont emballés, l’image du Bordeaux s’est installée comme celle d’un vin d’exception destiné à l’export. Tout semblait aller bien en terres girondines, la filière profitait de l’engouement pour ses Grands Crus. A côté des clients historiques, anglais, américains et nord-européens, les marchés asiatiques offraient une  infinité de possibles. On  a vendu les Premiers aux très riches et le tout venant aux nouveaux consommateurs tournés vers les prix bas.

Aujourd’hui, la croissance chinoise ralentit, le marché à l’export se complique et le consommateur français boude le Bordeaux. Les ventes sont à la baisse.  Pour se rapprocher du marché, plusieurs voies sont possibles. Deux approches semblent bien fonctionner : le bio et le mono-cépage.

On trouve encore des viticulteurs heureux en Gironde. Certains manquent même de stock. Je parle ici de ceux qui sont en bio. Ils vendent bien (+10% en 2018). Leurs vins répondent à la demande des consommateurs pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement. 

Château Piote. Conduite de la vigne en biodynamie, mono cépage et vinification en amphore

L’autre axe de développement pour les Bordeaux, c’est le mono-cépage travaillé en vin plaisir à boire dans l’année. Olivier Dauga, consultant sur Bordeaux, me l’a confirmé. Ses clients sont très contents des résultats de leur cuvée à cépage unique. Pour le consommateur néophyte, pour l’étranger habitué à boire un Chardonnay, un Merlot ou Cabernet-Sauvignon le Bordeaux classique, vin d’assemblage est un mystère. Si on lui propose un Malbec ou un Merlot, il est rassuré. Olivier Dauga conseille de les vinifier sur la fraîcheur, de limiter le taux d’alcool, de ne pas ajouter de bois. Il leur ajoute un packaging moderne. On oublie le mot château, on baptise le vin avec humour et on le vend à prix doux histoire d’attirer une clientèle de jeunes.

Travail sur le gamme et conversion en Bio pour Château Marzin

Etendre sa gamme, travailler le mono cépage, briser les codes du Bordeaux Classique et surtout aller vers le bio, les vins de Bordeaux ont un bel avenir mais beaucoup à faire pour retrouver les faveurs du marché.

Château Palmer, Grand Cru classé, certifié en biodynamie en 2018.

En 2018, Château Palmer, Troisième Grand cru Classé 1855, certifie son vignoble en bio et biodynamie, label Demeter. Une des plus prestigieuses propriétés du Médoc rejoint l’agriculture durable. Cela fait une belle occasion de visite. Voici en quelques mots et en images le récit d’une matinée dans les vignes et dans les chais. 

Château Palmer, c’est déjà une silhouette, une architecture remarquable, une construction de style Renaissance et ses iconiques tourelles. Les lieux figurent parmi les incontournables de la D2, la mythique route des Vins du Médoc. Comme nombre de ses illustres voisins, la propriété viticole existe depuis le XVII siècle. Elle a changé de mains de nombreuses fois au gré des aléas de l’histoire et des mauvaises météos si redoutables pour la vigne. Elle doit son nom à Charles Palmer, un Major Général de l’armée Britannique propriétaire en 1814. Elle doit son emblématique Château aux frères Pereire, riches industriels et acquéreur du domaine en 1853. 

Château Palmer, c’est surtout 66 hectares d’appellation Margaux, un terroir d’exception tourné vers le fleuve, un sol alluvionnaire du quaternaire. Le domaine est travaillé par des femmes et des hommes de passion. Ils connaissent parfaitement leur métier, ils suivent la vigne au quotidien pour qu’elle donne le meilleur. Lors de notre passage, nous étions en pleine taille hivernale. Ici elle se pratique en double Guyot. A partir du tronc du cep, l’ouvrier viticole conserve seulement deux jeunes rameaux appelés astres qui porteront le raisin l’année suivante. La forme donnée par les coupes permet de conserver l’alignement des plans, conditions nécessaires au passage ultérieur des engins dans les inter-rangs. Cet alignement prend toute son importance quand on sait que Château Palmer est cultivé en biodynamie. Cette forme avancée de conduite en bio demande des soins constants et de nombreux passages dans les rangs.

Pour mémoire, je rappelle que la biodynamie est une philosophie de la culture née des travaux du philosophe Allemand Rudolphe Steiner. Cette pratique suppose d’appréhender l’exploitation agricole dans sa globalité, dans son milieu. Steiner préconise la recherche d’une autonomie totale. L’agriculteur doit trouver sur son domaine les ressources pour produire en complète autarcie. L’utilisation des engrais chimiques et des pesticides est bannie. Pour enrichir la terre, pour protéger la vigne des maladies, on utilise des préparations à base d’ingrédients d’origines naturelles. J’aime parler d’homéopathie pour une méthode qui protège par des tisanes dynamisées. Les plantes infusées sont mises en mouvement avant d’être pulvérisées sur les vignes. En biodynamie, la mise en mouvement avant utilisation libère les principes actifs des végétaux et augmente le pouvoir énergisant des solutions.

A Palmer, la conversion fut progressive. Thomas Duroux, le directeur du domaine l’a très bien expliqué lors de son intervention au Bordeaux Tasting 2018. Entré en fonction en 2004, il ne connaît alors que l’agriculture conventionnelle. Il se donne pour premier objectif de comprendre Palmer. Dans une approche faite d’humilité, il s’approprie d’abord le terroir et sa diversité. La lecture de l’ouvrage Nicolas Joly sur la biodynamie va  changer son regard. Dès 2008, il commence un essai sur un hectare de Merlot. Avec Sabrina Pernet, la directrice technique, il partage la parcelle pour moitié entre agriculture conventionnelle et pour moitié en biodynamie. La belle récolte montre que l’expérience peut se poursuivre. En 2011 une parcelle de vieux Cabernet-Sauvignon est à son tour cultivée en bio. Les résultats sont étonnants, le vin est plus lisible, plus identitaire. Thomas Duroux trouve alors les mots pour convaincre les 80 actionnaires de choisir le Bio. 

En 2013, le tournant de la biodynamie est amorcé pour l’ensemble de la propriété. On tourne le dos à des années de productivisme pour revenir à des pratiques plus respectueuses de la nature. On abandonne tout produit de synthèse, engrais ou pesticide. Les moutons viennent paître sur le domaine en hiver. Ils désherbent et fument la terre. Un petit troupeau de vache apporte le complément le reste de l’année. Des décoctions d’orties ou de prêle sont pulvérisées pour lutter contre les maladies cryptogamiques. 

En 2018, Château Palmer devient le troisième Grand Cru Classé 1855 certifié en Biodynamie (label Demeter) avec Château Pontet-Canet et Château Latour. C’est une belle avancée pour le bio en terres bordelaises. 

La vinification se fait en parcellaire et en cuve inox thermorégulées
Le second chai de vieillissement à l’image de Palmer . Elégance et sobriété. Superbe charpente dont la forme arrondie rappelle celle du tonneau

Tous ces soins, ces bonnes pratiques font de Palmer un vin unique, un modèle d’équilibre et d’élégance qu’une belle dégustation nous fait découvrir. Le Château dispose d’une salle de dégustation à la fois sobre et raffinée. Elle est installée dans l’un des nombreux bâtiments annexes qui constituent un hameau au pied de la demeure de maître. 

En décembre, nous aurons la chance de découvrir le Château Palmer 2008. En pays de Cabernet-Sauvignon, Palmer se singularise par son assemblage à 51% de Merlot. Il en résulte un vin bien balancé entre structure et rondeur avec des tanins soyeux. Un vin à l’équilibre. 

Nous avons aussi testé l’Alter Ego, plus frais, plus fruité mais tout aussi intéressant et surtout pas un second vin mais une autre facette de la propriété.

J’ajoute à cette dégustation une pépite le Blanc de Palmer. Un ami m’a fait la gentillesse de partager une bouteille de sa cave. Le Blanc est issu d’une parcelle de 1 hectare, principalement plantée en muscadelle 50% et en Lozet 35%. Une bonne année on produit 2000 bouteilles et seulement 600 en 2017, année de gel en Médoc. Le 2017, c’est de la pureté, de la finesse et de la longueur en bouche, un vin diamant. J’adore.

Notre visite est terminée. Merci à notre guide Mélodie Petit. 

Château Palmer

  • 33460 Margaux
  • Tel : 05 57 88 72 72
  • Propriétaires : Famille Mähler-Besse et Sichel depuis 1938
  • 66 hectares plantés en Cabernet Sauvignon, Merlot et Petit Verdot
  • Vignes conduites en biodynamie
  • Vendanges manuelles
  • Visite sur Rendez-vous avec Mélodie Petit, hospitality manager

Château Coutet, vin de Saint Emilion bio et nature

Proche du cœur historique de Saint Emilion (trois kilomètres du centre ville), Château Coutet occupe un point culminant du plateau de Saint Martin de Mazerat. Depuis l’origine de la propriété aux environs de 1601, les vignes n’ont jamais connu herbicide ou pesticide. La géographie du domaine permet de penser que les sols n’ont pas été souillés par les eaux de ruissellements des propriétés en agriculture conventionnelle qui l’entourent. Des analyses chimiques le prouvent, aucun résidu de pesticide dans les vins. Château Coutet est donc un domaine unique en Bordelais à visiter de toute urgence pour les amoureux des vins authentiques et sincères.

Château Coutet, domaine bio à Saint Emilion

J’ai eu la chance de faire le tour du domaine en compagnie d’Adrien David Beaulieu, neveu de l’actuel gérant et viticulteur passionné. Voici mon retour d’expérience.

Avant de commencer la visite, un mot sur les prestigieux voisins de Château Coutet. Bellevue et Angélus au Sud, Beauséjour Bécot au nord Est, les plus grands noms de Saint Emilion encerclent la propriété. Nous sommes en bonne compagnie.

La proximité des stars ne semble pas troubler la famille David Beaulieu. Ils sont installés ici depuis 1600 et perpétuent leur mode de vie avec panache et modestie. Depuis toujours, ils vivent sur la propriété qui comprend une maison de maître, plusieurs habitations, des chais, 11,5 hectares de vignes mais aussi 4 hectares de bois, prairies et marigots. Les lieux semblent habités depuis toujours. Entre un curieux ouvrage romain et une chapelle consacrée par le pape en 1892, Dieu a aussi marqué le territoire. Aujourd’hui trois générations de David Beaulieu vivent au milieu d’un écosystème étonnant. C’est l’unique propriété que j’ai visitée accueillie par les croassements des grenouilles et que j’ai quittée chassée par une oie fâchée d’être paparazzée.

J’ai cependant eu le temps de marcher dans les vignes en compagnie d’Adrien David Beaulieu. Nous avons remonté le coteau pour parler terroir et travail de la vigne. (Ici je vous renvoie au site du domaine qui montre de façon très claire la disposition des parcelles). Nous avons mesuré la singularité de ce domaine où, ici et là, la vigne cède la place à un bosquet, une clairière abritant des ruches, quatre hectares laissés à la nature. Quand on connaît le prix des vignobles, on mesure le sacrifice financier de la famille Beaulieu en se privant d’un quart de sa surface.

Si on revient aux pratiques culturales, on peut dire en résumé que :

  • Les sols et les vignes sont travaillés de façon traditionnelle en bio.
  • Les entre-rangs sont enherbés huit mois par an.
  • Les vendanges manuelles sont réalisées par une équipe de 50 personnes dans les vignes et de 12 employés dans les chais.
  • Les raisins sont éraflés avant une mise en fermentation naturelle (sans levure ajoutée mais avec la technique du pied de cuve)
  • Les mouts sont pressés en vertical pour une extraction douce moins chargée en tanin. Les jus s’écoulent par les côtés d’une cage en bois. Ils sont filtrés naturellement en traversant le marc. Le jus contient moins de bourbe et sa brillance sera naturelle.
  • Le vin est élevé en barrique pendant dix-huit mois avec le moins d’intervention possible. Les vins ne sont pas filtrés.

Pour la cuvée Château Coutet, on est donc dans un process classique en démarche bio. L’exceptionnel existe pourtant dans ce domaine béni des Dieux avec une découverte qui risque de changer l’avenir de la famille David Beaulieu.

En 2000, Alain David Beaulieu, l’oncle d’Adrien met à jour une bouteille enterrée dans la cave aux vieux millésimes. Sa valeur historique est évidente : le précieux flacon est bouché à l’émeri, du verre soufflé à la main. Une aventure commence alors qui va de la datation de la bouteille à l’émergence d’un projet fou. Adrien David Beaulieu décide de produire une nouvelle cuvée dans les conditions de la bouteille originelle, datée aux environ de 1750.

Exceptionnelle bouteille datée de 1750 découverte dans le sol de Château Coutet

Pour cela, il choisit la parcelle la plus haute, Peycocut, indiscutablement épargnée des ruissellements de ces voisins. Il y cultive le Cabernet Franc et le Merlot à queue rouge, une variété ancienne toujours greffée par la famille et obtenu par sélection massale. Pour cette cuvée spéciale Adrien utilise les moyens techniques anciens avec le retour du cheval dans les vignes. Après récolte, les grappes sont éraflées grains à grains à la main par 70 personnes pendant deux jours. Puis les raisins sont mis en fermentation en cuve bois. A l’issue, et une fois pressés, les jus sont élevés vingt mois en barriques neuves à hauteur de 50%.

On continue dans la reproduction du flacon témoin pour la mise en bouteille. La Cuvée Emeri est proposée dans une bouteille fabriquée à la main par monsieur Guillot, M.O.F.

Au final, on dispose d’un produit unique, une pépite pour collectionneur averti. Le premier millésime de la cuvée Emeri est sorti en 2014.

Reproduction à l’identique de la bouteille originelle bouchée à l’émeri et datée de 1750

J’ai eu la chance de déguster Château Coutet 2015 et je le recommande pour son élégance et sa grande finesse. J’ai fait quelques provisions en attendant le 2017 qui sera aussi très joli. Cette année là, Château Coutet, épargné par le gel, a engrangé une très belle récolte. 2018, à l’inverse, sera une année à faible volume marquée par un mois de juin chaud et humide. Comme tous les viticulteurs en bio, le domaine a été frappé par une virulente attaque de mildiou sur les Merlot. La nature s’est montrée cruelle en montrant une nouvelle fois que le travail de la vigne demande passion et abnégation.

Aujourd’hui, le domaine commercialise le 2015, une excellente année en Bordelais. Alors n’hésitez pas à faire provision pour Noël et pour les années à venir. Il serait dommage de ne pas profiter de cette jolie pépite avant que les acheteurs du monde entier s’en emparent. J’ai eu écho de visites d’importance. Mais chuuut, je reste discrète sur les prestigieux acheteurs qui s’intéressent à ce vin d’exception.

Château Coutet

  • Saint Emilion
  • 05 57 74 43 21
  • Visite sur Rendez-vous
  • Certification bio en 2012
  • 11,5 hectares de vignes
  • Cépages : Merlot 70% Cabernet franc 30%, Malbec 7%, Cabernet-Sauvignon 3%
  • Moyenne d’âge du vignoble 38 ans
  • Densité de plantation 6 000 pieds/hectares

La cuvée Emeri

  • Travail à la vigne : labour des sols au cheval de trait, traitement contre la maladie uniquement par pulvérisation de bouillie bordelaise effectuée au pulvérisateur à main
  • Raisin récolté puis égrainé manuellement, foulé au pied
  • Fermentation en cuve bois, presse verticale qui permet une faible extraction
  • élevage 20 mois en barriques neuves à 50%
  • Prix 70€ en bouteille traditionnelle sous le nom de cuvée Demoiselle et environ 300€ dans la bouteille façonnée à la main avec bouchon coeur en verre.

Ciel de novembre à Château Coutet

Découverte des spiritueux, une formation IPC Bordeaux


L’IPC, (Institut de Promotion Commerciale), propose des cursus longs dotés de diplômes reconnus par l’état. Les étudiants sont formés au développement commercial en tant que généraliste. Ils ont aussi la possibilité de se spécialiser en immobilier ou en vins et spiritueux.

L’institut dispense aussi des formations certifiantes sur un ou plusieurs jours. J’ai eu l’opportunité de suivre une session Découvrir les Spiritueux en un jour. Voici mon retour d’expérience.

Nous sommes une vingtaine réunis à l’IPC à Bordeaux Lac. Dans la salle se mélangent, les étudiants du programme long et des professionnels venus compléter leur connaissances. La journée commence par un café d’accueil suivi du mot du directeur, Yann Chaigne. Nous enchainons rapidement, chacun se présente en quelques phrases et expose ses attentes. Notre formateur, Frédéric l’Azou, termine le tour de table. Il est diplômé de l’INSEEC (promotion 1995) et travaille comme consultant freelance auprès de brasseurs indépendants.

Très vite, il nous propose de nous mettre au travail. Le programme de la journée est ambitieux. En 7h, nous passerons en revu les différentes familles de spiritueux, nous apprendrons à les différencier, à les classifier selon leur différents mode de fabrication. Nous parlerons aussi marché, tendances et perspectives d’évolution. 

Pour étayer son discours, Frédéric l’Azou utilise un powerpoint. Sa présentation est synthétique et illustrée de nombreux schémas et photos. Elle donne vraiment l’essentiel mais permet d’aller plus loin grâce aux nombreux liens glissés dans les pages. Le document nous sera remis sous forme de clé USB en sortie.

Pour illustrer ses propos, Frédéric l’Azou présente 12 spiritueux. Les dégustations viennent rythmer la journée. Elles apportent une respiration bienvenue dans un cours théorique. 

Frédéric L’Azou, consultant et formateur à l’IPC de Bordeaux

Pour chacune, nous avons suivi les étapes classiques de la découverte d’une boisson :

En premier, l’examen visuel pour apprécier l’intensité et les nuances des couleurs. Ensuite, l’examen olfactif dans l’objectif de déceler le style des arômes, enfin, l’examen gustatif, la structure en bouche (souplesse, dureté, harmonie), la confirmation des arômes et la longueur.

L’examen visuel : la première étape de la dégustation

Chacun note ses impressions puis les fait partager au groupe. Le formateur note sur un paperboard. Il sollicite son audience, il encourage les commentaires. En dernier, il compare le ressenti de la salle avec les informations recueillies sur le net. Ces échanges permettent de rassembler le groupe, de soutenir l’attention de chacun. A ce moment là, le mélange entre étudiants et professionnels s’avère pertinent. Venus de maison de spiritueux, les salariés en formation apportent à l’échange leurs connaissances techniques.

Nous terminons la journée par un regard sur le marché et ses tendances. Les chiffres bousculent nos préjugés. Nous apprenons que la marque d’alcool la plus vendue au monde est chinoise. Il s’agit de Moutai, un alcool de riz largement consommé en Asie.

De cette formation, Nous repartons avec le powerpoint sur clé USB et notre carnet de dégustation. Je n’oublie pas notre Attestation de Formation. Elle nous est délivrée au vu de nos bonnes réponses au quizz de validation des connaissances.  Nous retiendrons les principes de base, une classification simple et une bonne première idée des différents alcools. 

IPC, Institut de Formation Commerciale

https://ipc-bordeaux.com/

10 rue René Cassin

33049 Bordeaux

La Dégustation Géosensorielle ou découverte tactile du terroir, une Masterclass du Bordeaux Tasting

Pour cette sixième édition du Bordeaux Tasting, le magazine Terre de Vins a mis en avant le sujet du terroir. Il a réuni experts et amateurs autour d’une dégustation géo-sensorielle où le vin est présenté à l’aveugle.

Sur l’estrade :

Jean-Michel Deiss, propriétaire du Domaine Marcel Deiss en Alsace, un des pionniers de la Biodynamie en France, un vigneron poète au langage imagé, au caractère bien affirmé, un homme qui a consacré sa vie, 44 millésimes, à faire avancer la question des terroirs.

Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier, Pessac-Léognan et du Clos des Lunes, vin blanc sec de Sauternes, figure respectée du vin à Bordeaux et Président de l’Union des Grands Crus Bordelais.

Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989 et depuis 1976 maître sommelier à l’Auberge de l’Ill, 3* Michelin.

Rodolphe Wartel, directeur du magazine Terre de Vins.

Dans la salle, des professionnels, des amateurs et parmi eux des malvoyants invités par l’UNADEV. Tout au long du débat, Rodolphe Wartel donnera la parole à ceux qui privés de la vue perçoivent le vin d’une façon différente. Un des leurs dira très joliment, qu’un bon vin part à la tête. Il donne des émotions.

Au départ, les intervenants semblent partager la même envie, la même excitation devant l’exercice de la dégustation à l’aveugle. Olivier Bernard rappelle les différences fondamentales entre la dégustation traditionnelle ou sensorielle (vue, odorat, toucher et goût) et la dégustation à l’aveugle.

Quand on arrive à l’aveugle sur une dégustation, on est dans la recherche… on va chercher l’origine, on va essayer de retrouver dans sa mémoire des souvenirs sur des valeurs olfactives, de goût, de couleur pour essayer de retrouver dans sa mémoire à quoi ressemble ce vin.

Alors que quand on n’ est pas à l’aveugle, on est beaucoup plus sûr, tiens ce vin, je vais essayer de le rentrer dans ma mémoire.

D’un côté, on va chercher des éléments dans sa mémoire pour essayer de nous aider à comprendre, de l’autre on va instruire sa mémoire des éléments pour essayer de nous aider à comprendre, instruire sa mémoire des éléments de la dégustation….

Il termine cette présentation par :

Moi la dégustation me passionne J’adore la dégustation à l’aveugle.

 La dégustation à l’aveugle, c’est rencontrer l’âme du vin. Nous dit Serge Dubs.

 Les deux premiers vins dégustés rassemblent les protagonistes dans une même critique. A l’unanimité, le second vin séduit alors que le premier ne laisse aucun souvenir en bouche. Normal, nous avons testé un vin d’hypermarché à moins de deux euros et un Alsace de chez Marcel Deiss. Tout commence donc très bien. Mais l’entente parfaite ne dure pas. Très vite, les intervenants expriment des points de vue différents.

Une question fondamentale oppose les participants : celle des arômes. Jean-Michel Deiss nous invite à nous méfier de la lecture aromatique d’un vin, une des bases de la dégustation sensorielle. Il nous rappelle que l’aromatisation, pratique tout à fait autorisée et trop souvent utilisée, nous trompe sur la qualité d’un vin. Il aimerait nous familiariser avec un mode de dégustation, la géosensorielle, uniquement basé sur le ressenti en bouche, sur la texture. Privé de la vue par des verres noirs, nous allons aussi oublier notre nez et nous concentrer sur la salivation, la souplesse, la viscosité, la texture en bouche.

Jean-Michel Deiss, pour une approche de la dégustation par la salivation, le toucher, la souplesse, la texture en bouche

L’information salivante témoigne d’un lieu… Je suis dans la révélation du niveau d’énergie du vin. Dit-il.

 Jean-Michel Deiss nous propose de ressentir le vin dans sa verticalité ou son horizontalité. Est-ce qu’il descend dans notre corps ou est ce qu’il s’étale en bouche, deux positions liées au terroir ? Pour exprimer nos sensations, il conviendrait d’oublier le vocabulaire ésotérique de la dégustation professionnelle. Nous devrons aussi refuser les mots valises comme vins printaniers, fruités et les mots culturels belle acidité, piquant, tranchant agréable. A contrario, nous sommes invités à utiliser des mots simples, compréhensibles par tous. L’objectif de Jean-Michel Deiss est d’ouvrir le monde du vin à l’homme de la rue, le faire sortir du cercle trop fermé des initiés et de mettre des mots simples sur l’âme du vin, les 50 mots du vocabulaire du toucher.

Le monde du vin est devenue une secte qui parle une langue morte… Nos contemporains ne sont plus dans l’aventure du vin…

 L’approche de JM Deiss bouscule nos habitudes, bouleverse nos sens. Si la salle fait de son mieux pour s’approprier la nouvelle pratique, sur l’estrade, on renâcle. Serge Dubs se résout difficilement à occulter les arômes, si important dans la reconnaissance en dégustation traditionnelle. JM Deiss, lui, se moque des qualificatifs chers aux dégustateurs professionnels, de certains arômes, qui selon lui, n’existent pas tel le cuir de Russie ou l’odeur de Garrigue.

Nous continuons la Master Class avec deux vins d’appellation du domaine Marcel Deiss.

En dégustation géosensorielle, il faut se poser la question de l’orientation de la salivation :

Où va la goutte ? Nous demande Jean-Michel Deiss.

Dans le premier cas, j’ai de la verticalité… je sens la goutte assez pointue descendre… elle est là, elle me pénètre… Elle est froide.

Le deuxième vin est un vin beaucoup plus large en bouche, il va rester en haut, je n’ai pas cette sensation de la goutte froide qui descend. Le vin est plus chaud et il occupe la largeur de ma bouche.

Ce qui est la verticalité de la petite goutte qui descend c’est la présence de silice dans le terroir, c’est un vin cristallin. (Terroir de granit)

Le deuxième vin est plus charnu, plus latéral, il possède une certaine épaisseur … il y a de la farine dans cet endroit. (Terroir de calcaire Aalénien)

 Après la longue intervention du viticulteur alsacien, Serge Dubs a du mal à exprimer son point de vue. Il dit ne plus savoir avec cette façon de parler du vin qui le prive de son référentiel habituel. Il demande l’avis du public, il aimerait connaître leur ressenti. Un auditeur malvoyant se dit très intéressé par la méthode. La salivation donne des indications intéressantes qu’il n’imaginait pas auparavant. Il se basait beaucoup sur l’odorat. La démarche géosensorielle lui ouvre de nouvelles perspectives et il pense qu’avec celle-ci tout un chacun pourrait avoir une opinion même sans être spécialiste.

Olivier Bernard vient abonder le point de vue du sommelier. S’il est d’accord pour déguster à l’aveugle et se priver de la vue, il juge indispensable de conserver l’odorat, un des sens majeur pour appréhender le vin. Le nez apporte, selon lui, un complément d’information indispensable. Il participe entièrement au plaisir du vin.

Une approche plus classique, conventionnelle de la lecture du vin

JM Deiss ne flanche pas, il s’accroche à sa philosophie qui met en lumière les qualités intrinsèques du vin. Il résume ce qu’il faut retenir de l’exercice.

Il existe trois grandes forces liées aux sols de la vigne.

  • Une Force verticale de finesse accompagnée très souvent de fraîcheur qui est la force cristalline – sols silicieux
  • Une Force latérale, horizontale, souvent épaisse parfois plus fine. Sols sédimentaires -(argile, calcaire)
  • Une Force centrale chaude, celle des terroirs volcaniques

Invité à donner son point de vue sur la notion de terroir, Olivier Bernard expose une opinion très bordelaise. Il parle de terroirs et nom de Terroir. C’est l’assemblage pointu, équilibré qui fait le grand cru, qui donne une diversité, une complexité aux grands vins. Et lorsqu’Olivier Bernard nous parle avec enthousiasme de ces moments délicats où l’on construit un grand Bordeaux par assemblage, on mesure la profonde distance qui sépare les deux viticulteurs. Deux mondes, deux religions se confrontent, celui de l’oenologie non interventionniste et celui de la méthode conventionnelle.

L’ambiance se détend pour la dégustation N°3 qui nous emmène à Châteauneuf du Pape en terre de grès rouges et de galets roulés. Les superbes vins du domaine Ogier font l’unanimité. Les remarques acides reviennent pour la dernière salve quand JM Deiss revient sur le pourquoi de la dégustation tactile. Pour lui, la limite du nez, c’est la question lourde de l’aromatisation… Les vins aromatiques sont menacés par l’aromatisation. Il nous manque quelque chose et c’est cela qu’on va rajouter.

 la dégustation N°4.

Les amateurs sont perturbés par une bizarrerie de l’exercice. Celui-ci comprend un rouge et un blanc, ce qui est inhabituel pour une dégustation à l’aveugle, une fausse paire pour Olivier Bernard.

Serge Dubs qualifie le premier de Vin de caractère qui a du tempérament, il aime beaucoup. Nous sommes en présence d’un domaine de Chevalier rouge millésime 2009.

Le second vin, alerte vif, excellent selon le meilleur sommelier. Joli compliment pour le Clos des Lunes, lune d’or 2013

La lecture tactile de JM Deiss est une réflexion sur la largeur du cristal qui déclenche la salivation dans les verres. Le verre numéro deux nous emmène en sauternais. Porté par son verbe et son enthousiasme, JM Deiss s’égare un peu en chemin. Sa longue tirade sur les sols sableux, sur le Sauternais marécageux, gorgé d’eau en hiver agace son voisin. Olivier Bernard hausse les sourcils et conteste quand on lui dit qu’au printemps, on porte des cuissardes dans les vignes à Sauternes.

Prenant le contrepied de l’Alsacien, O Bernard affirmera en riant, moi, j’y vais en pantoufle sur ces terroirs filtrant extraordinaires. Mais il garde un flegme très bordelais, il n’ira pas plus loin dans la polémique. Rond comme un joli merlot, puissant comme un Cabernet Sauvignon, il raconte le vin comme son Pessac-Léognan toujours élégant jamais agressif avec une grande pureté aromatique. Sa forte personnalité fera le reste, il aura l’art de calmer le jeu sans jamais abandonner ses convictions.

Le public apprécie, il repart enrichi de ces échanges, cette confrontation Est-Ouest entre Alsace et Bordeaux, entre parcellaire et assemblage. A titre personnel, j’étais déjà fan de biodynamie et de son représentant alsacien. Et si je ne le suis pas dans ses envolées lyriques, je pense qu’il a profondément raison de nous mettre en garde contre les vins aromatisés. Commencer une dégustation par la bouche et le toucher – dans un verre noir- permettra peut être d’écarter de nos caves, les vins blancs bonbons, les rouges artificiellement musclés et les breuvages issus de pratiques oenologiques discutables. Etre capable de lire la structure en bouche d’un vin pour distinguer un Vin honnête d’un vin bricolé comme nous promet JM Deiss.

Les vins dégustés lors de la MasterClass du Bordeaux Casting

Pour conclure, je rappellerais juste que la dégustation géosensorielle est une pratique ancienne remise au goût du jour par les Bourguignons. Dans le pays des climats où le terroir est classé au patrimoine de l’Unesco, de nombreux spécialistes prônent la dégustation du toucher. Je conseille à ceux qui veulent aller plus loin de lire les travaux de Jacky Rigaux, ancien universitaire et auteur de nombreux ouvrages sur le vin dont Le réveil des terroirs, illustration et défense des climats bourguignons (préface d’Aubert de Villaine), Ed de Bourgogne, 2011

La dégustation géo-sensorielle, éd Terre en Vues, 2012 (réédition 2014)

En bonus, les photos du stand de JM Deiss au Palais de la Bourse où l’on a continué le débat en dégustant ses fabuleux Alsace, tous vins de parcelles en complantation.

Bordeaux Tasting 2018 : le Programme

Les 15 et 16 décembre, le magazine Terre de Vins organise son Rendez-vous annuel avec les amateurs de grands vins. Centré sur le Palais de la Bourse, le Bordeaux Tasting accueillera les dégustateurs pour deux jours de découvertes. 700 vins seront présentés par les propriétés sur six sites proches de Bordeaux centre.

Bordeaux Tasting 2018

Au Palais de la Bourse : les Bordeaux, les Cognacs, les invités ( Alsace, Rhône..)

Le Gabriel : les Pomerols

L’espace Saint Rémi : les Champagnes

Le Musée des Douanes : les vins étrangers

La bulle éphémère : les Bordeaux supérieurs

La Maison Darnauzan : une nouveauté 2018 avec une sélection d’une vingtaine de vins bio.

En complément des dégustations l’Ecole des vins de bordeaux proposera chaque jour des ateliers à thème. Au menu la dégustation à l’aveugle, les parfums du vin ou les accords choco-Bordeaux.

Le magazine Terre de Vin organise aussi 6 MasterClass à l’intention des professionnels et des amateurs éclairés. Ces sessions sont animées par des personnalités du monde du vin. David Biraud, chef sommelier du Mandarin Oriental sera aux commandes le samedi. Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989 présidera le dimanche. Sur la scène interviendront des représentants de propriétés emblématiques du vin.

Samedi à 11h : on commence par « De l’importance des verres dans la dégustation du vin », avec Riedel

Samedi à 13h30 : on continue par la Biodynamie avec Thomas Duroux de Château Palmer. Ce prestigieux Margaux a obtenu la certification Demeter pour son vignoble en 2018 . Après Château Pontet-Canet, le pionnier, Palmer sera-t-il le fer de lance de la bio sur la Rive Gauche ? La question du bio soulève bien des passions en terres bordelaises. Le retour d’expérience de Thomas Duroux s’annonce passionant. A ses côtés seront présents Jean-Baptiste Lecaillon, Directeur Général Adjoint et Chef de caves du Champagne Louis Roederer ainsi que Gérard Bertrand, ambassadeur des vins du Sud de la France.

A 16h, on termine la journée par 90 minutes autour de trois domaines remarquables du Bordelais Château la Gaffelière, Château Smith Haut Lafitte et Château Léoville-Barton. Les propriétaires des Châteaux présenteront eux-mêmes deux millésimes d’exception les 2005 et 2015.

Dimanche, trois sujets seront abordés :

11h00 : « La découverte de la diversité des terroirs de Saint-Émilion à travers les millésimes 2006 et 2016 

13h30 : Dans les secrets du cognac

16h : L’esprit Lafite. Eric Kohler, directeur des châteaux bordelais du groupe, qui répondra aux questions des auditeurs, nous propose en dégustation: château d’Aussières 2016 (corbières); château Duhart-Milon 2016 (pauillac); le Dix de Los Vascos 2012 (colchagua, Chili) 2016; Caro 2015 (mendoza, Argentine) et Lafite-Rothschild 2010 (pauillac, 1er grand cru classé 1855).

Attention, l’accès au masterclass se fait sur réservation. Vous trouverez les conditions sur le site de Terre de Vins ainsi que le programme détaillé de la manifestation en suivant le lien :

18 jours avant Bordeaux Tasting 2018

Bordeaux Tasting 2018, les horaires :

  • Samedi 15 décembre de 10h à 18h30.
  • Dimanche 16 décembre de 10h à 18h.
  • Tarifs :
    • Pass 1 Jour Samedi 27,00 €
    • Pass 1 Jour Dimanche 29,00 €
    • Pass 2 jours 39,00 €
    • Ces places donnent un accès illimité aux 5 sites de l’événement.
    • Réservation en ligne conseillée.

Le Château Smith Haut Lafitte reçoit le Prix Best of Wine Tourism international 2019

Belle récompense pour Florence Cathiard et l’équipe hospitality du Château Smith Haut Lafitte. Elles recevaient, ce jour, le trophée Best of Wine Tourim international 2019. Cette distinction récompense le travail accompli en matière d’accueil du public et la qualité de la prestation oenotouristique.

 

Le concours créé et organisé par la CCI s’inscrit dans son action pour la promotion des vins de Bordeaux. En session nationale, le Château Smith Haut Lafitte a reçu un Best Of d’Or dans la catégorie Art et Culture. Puis, en tant que lauréat, le domaine a participé et gagné un podium à l’international. La remise du trophée par monsieur Jacques Faurens, président du réseau Great Wine Capitals fut l’occasion d’une rencontre.

Florence Cathiard reçoit le Best of Wine Tourism International

Florence Cathiard nous a reçu au Château pour échanger sur sa philosophie en matière d’oenotourisme et sur ses pratiques viticoles. Cette visite prévoyait une balade dans la Forêt des sens, déambulation dans la partie aménagée de la forêt de 65 hectares qui jouxte les vignes. Malheureusement la mousson de décembre avait rendu les sentiers difficilement praticables. Nous reviendrions donc au beau jour découvrir le parcours et les 27 points d’intérêt. Il y a beaucoup à découvrir entre les sculptures, les installations et en final la dégustation.

Florence Cathiard, président du directoire de Château Smith Haut Lafitte

Nous avons profité de l’instant pour revenir sur la conduite de la vigne. Depuis leur installation en 1990 les Cathiard ont toujours cherché l’excellence dans le respect de la nature. Daniel Cathiard a apporté les innovations technologiques comme le tri optique informatisé. Amoureux de la nature, Florence et Daniel ont agit de concert pour préserver la biodiversité, protéger la forêt et les haies. A la vigne, ils ont toujours privilégié les traitements en bio. Depuis deux ans et pour répondre à une demande de leurs clients, ils se sont engagés dans une démarche de certification.

Côté oenotourisme, ils ont été précurseurs. Le couple de savoyard a beaucoup travaillé pour construire avec ses clients une notoriété que leur parachutage en terre bordelaise rendait difficile. Aujourd’hui, La réputation du vin n’est plus à faire mais les Cathiard cherchent toujours à aller plus loin. Et même si les ventes de vin au Domaine ne représentent pas plus de 5% du total, tout est fait pour faire vivre au visiteur de passage une expérience inoubliable.

Pour Florence Cathiard :

Loenotourisme est incontournable. Mais, une visite classique suivi dun achat ne suffit plus. Aujourdhui, les gens demandent autre chose. Ils veulent du partage, de lexpérience interactive. Il faut du sens, de la valeur ajoutée.

Le Domaine offre pas moins de six types de visite. La déambulation dans la forêt des sens est la toute nouvelle proposition qui a permis de remporter le trophée Best of Wine Tourism. Je vous invite à aller sur leur site pour les découvrir https://www.smith-haut-lafitte.com/visites/ et surtout à programmer votre balade dès que le soleil reviendra sur le Pessac-Léognan.

Château Smith Haut Lafitte

  • 33650 Martillac
  • Ouvert 7 jours sur 7
  • Visite sur RDV, tel 05 57 83 11 22